La pénurie et ses impacts. Faute d’une production suffisante dans le secteur automobile, notamment par manque de matériaux, le marché des véhicules neufs se tend. Quand le véhicule d’occasion arrive au prix du neuf…
« Vous allez dire qu’ici, la pénurie ne saute pas aux yeux », plaisante Christophe Glinche, cogérant de Glinche automobiles, à Écommoy. Il faut dire que les véhicules s’alignent par centaines dans les allées de l’entreprise de soixante salariés, l’une des plus grosses du secteur. Mais le dirigeant de la société, dont la plateforme de distribution automobile occupe une part majeure de l’activité, a un maître-mot : « L’anticipation ! »
Contre toute attente, « un tsunami de demandes »
C’est grâce à cela qu’il évite notamment le phénomène qui touche une grande partie des secteurs professionnels, du BTP à l’automobile. « Les constructeurs de pièces auto ont diminué leur production, étant donné le contexte de crise sanitaire. Sauf que la demande a été plus forte que prévu, les choses ne se sont pas passées comme ils l’avaient imaginé. Pour nous, c’était un véritable tsunami de demandes ! », raconte Christophe Glinche.
Résultat ? Ça bouchonne pour les clients. « Il y a moins de véhicules neufs produits. Donc les clients se rabattent sur l’occasion récente, mais ces réserves s’appauvrissent… Les loueurs par exemple, ne revendent plus leurs parcs par peur de manquer, puisque les constructeurs ne peuvent plus livrer de neuf dans des délais raisonnables. Les professionnels, eux aussi, ont cette crainte. Ils nous achètent des voitures pour alimenter leur circuit de distribution. On en est arrivé à jouer un rôle de grossiste. »
Des délais de livraison qui s’allongent
Les délais s’allongent, « de six à dix-huit mois » d’attente selon le type de véhicules. Et les prix s’envolent du côté du marché de l’occasion : « Ils ont augmenté de 15 à 20 %. Aujourd’hui, on est quasiment au prix du neuf. »
Pour Glinche automobiles, dont l’activité se trouve au croisement des professionnels et des particuliers, « le marché le plus dynamique pour nous, aujourd’hui, c’est celui des entreprises. Elles n’ont pas autant le choix quand il faut changer un véhicule. Avec les professionnels de l’automobile aussi, le marché est bon car avec l’effet d’affolement, ils ont besoin de créer du stock. » Celui des particuliers est plus attentiste.
« Par contre, ce qui fonctionne bien, c’est la partie atelier. Les gens retardent l’achat et donc la revente de leur véhicule vu les prix et les délais. »
Au printemps prochain, avant les grands trajets de l’été et après le froid de l’hiver et son lot de réparations, « les clients vont de nouveau se poser la question d’acheter. Moi, ici, mon objectif, c’est d’être prêt à faire face à la demande à cette date ! » L’anticipation, là aussi.
Antonin LE BRIS, journaliste OuestFrance
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